Réflexions personnelles sur notre système éducatif et son actualité

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Résultat du DNB : Et si vous respectiez les élèves ?

In Au piquet on 15 juillet 2017 at 10 h 57 min

Sitôt les résultats du dnb connus, les commentateurs se sont précipités pour les dénigrer et avec eux le travail de nos élèves.

Pas tous, la grande majorité des professeurs s’est réjouie de la réussite des élèves mais l’éternelle minorité grincheuse et quelques journalistes non spécialisés qui ont bien mal préparé leur sujet.

Près de 90 % de réussite ! Et alors ? Un diplôme n’aurait de la valeur que s’il était restreint à un tout petit nombre ? Le DNB ne valide pas une poursuite d’études ni un accès à quoi que ce soit, et les élèves le savent très bien. Il valide la maîtrise d’un minimum requis en fin de scolarité obligatoire. Du reste, ces résultats rejoignent les tests organisés par le ministère de la Défense lors de la journée défense citoyenneté. 90 % des jeunes maîtrisent ce minimum, 10 % ne le maîtrisent pas. Ceux qui crient au scandale parce qu’on « donne » le brevet à 90 % des élèves taisent en fait le vrai scandale : 10 % ne l’obtiennent pas. Toute notre énergie devrait être utilisée pour que ces 10 % l’obtiennent également. Mais 100 % de réussite provoquerait assurément la mise en PLS de certains …

Mais quand on fixe comme objectif à l’éducation de sélectionner et d’écarter progressivement les élèves, ça se tient. Quand ils sont enseignants, les auteurs de ces propos n’ont en effet souvent qu’un rêve : enseigner dans les filières sélectives, dans un lycée bourgeois ou à l’université. Ces 10 % d’élèves en difficultés, ils les laissent à d’autres.

Ceux qui proclament que ce brevet est « donné » réfléchissent-ils à la violence de leur propos pour les élèves qui ne l’obtiennent pas ? Et pour ceux qui ont réussi à l’obtenir après de réels efforts ?

On entend et lit beaucoup de bêtises à propos de ce dnb 2017.

Pour certains « anti réforme du collège », il aurait été modifié pour faire augmenter le pourcentage de réussite et ainsi prouver les bienfaits de cette réforme… A ces derniers, on pourrait leur faire remarquer que ces bienfaits ne pourront être visibles que dans trois ans quand une cohorte d’élèves aura réalisé la totalité de son parcours au collège post réforme (à condition qu’elle ne soit pas trop détricotée par le ministre d’ici là). Ils devraient donc se réjouir de cette augmentation qui concerne des élèves qui ont réalisé 3 ans sur 4 hors réforme, non ?

Pour d’autres (ou les mêmes) il cacherait la baisse du niveau (dont on ne sait pas à quand elle remonte selon nos interlocuteurs). Ainsi on donnerait un diplôme synonyme de haut niveau de maîtrise et pire des mentions plus nombreuses sans que ce soit justifié. Encore une fois, le dnb valide un minimum. Cela ne signifie en rien qu’on ne vise pas et n’obtienne pas plus : Quand on distribue un diplôme à tous les participants à un marathon qui sont allés au bout, ça ne signifie pas que tous les coureurs ont réalisé le dernier temps !

L’obtention du brevet n’est pas la réussite mais c’est une réussite pour les élèves et on pourrait au moins respecter cela.

Comment critiquer le fait que le nombre de mentions Bien et Très Bien soit en augmentation quand on sait que le principal intérêt de ces dernières est l’obtention d’une prime pour les élèves boursiers. Les « héritiers » seraient contre ?

Mes élèves qui ont obtenu le brevet le méritent ! Ils le méritent parce que dans mon établissement, le positionnement sur les compétences du socle s’est fait sérieusement à partir des évaluations des dites compétences sur l’ensemble du cycle. Ni sabotage (pour démontrer après coup facilement que ça ne fonctionne pas quand on n’a pas voulu s’y mettre pendant trois ans ), ni surévaluation. Ils le méritent parce que certains ont su rattraper les points qui leur manquaient lors des épreuves terminales, y compris par un oral qui permet à certains élèves de se mettre en valeur.

Quand je vois avec quel stress ils se sont présentés à ces épreuves, quand je vois leur joie pour certains de l’avoir obtenu alors que ce n’était pas gagné ou pour d’autres d’avoir obtenu la mention qu’ils visaient, de quel droit je leur dénigrerais cette réussite ? Pourquoi leur dirais-je que « de mon temps le brevet valait plus » (de mon temps on ne le passait pas d’ailleurs) si ce n’est pour valoriser ma génération en abaissant la leur ? Les élèves savent très bien que ce qu’ils viennent d’obtenir n’est pas un sésame pour l’avenir, seuls les adultes de mauvaise foi font croire le contraire.

Si on veut un débat sur ce brevet, on peut l’avoir : Est-il utile ? Qu’est-ce qui justifie le coût des épreuves terminales ? La validation des compétences (faite avec rigueur) et une présentation orale ne suffiraient-elles pas ? Elles ont certes un intérêt : entraîner les élèves aux épreuves futures, mais aussi de sérieux inconvénients comme celui d’enfermer les apprentissages de l’année de 3e dans une préparation à des types d’exercices très ciblés et de nous faire courir après un programme bien trop lourd.

Je terminerai par féliciter les élèves qui ont obtenu ce brevet (en particulier les miens). N’écoutez pas les grincheux, soyez fiers et que cela vous motive pour l’an prochain.

Quant à ceux qui ne l’ont pas obtenu, ne vous découragez pas afin d’obtenir un futur diplôme plus important. Prenez cet échec comme une invitation à vous investir davantage. En effet, la plupart d’entre vous avez décroché à un moment. Raccrochez donc ! Pas facile certes quand l’Education Nationale exige de vous d’entrer dans un moule quand c’est elle qui devrait s’adapter à vos difficultés de différentes natures pour vous faire réussir comme les autres.

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« Enseigner l’esprit d’entreprendre à l’école », du jugement hâtif à l’expérience vécue

In Au piquet, Salle de classe on 28 octobre 2016 at 16 h 22 min

Un article de Lucie Tanguy paru il y a quelques jours dans The Conversation met en cause les projets de minientreprises mis en place depuis plusieurs années dans les collèges et lycées.

Je participe depuis plusieurs années à la création de ces mini entreprises avec mes élèves en partenariat avec EPA (cité dans l’article) et depuis peu en croisant avec les outils de la plateforme de ressources de l’ESS. Cette année, du reste, ce projet se fait sous la forme d’un EPI qui concerne l’ensemble des disciplines et les collègues ont su lui donner un nouvel élan qui m’a vraiment étonné.

Je ne suis absolument pas d’accord avec cet article. L’auteur aurait dû aller sur le terrain voir ce qui se fait vraiment plutôt que d’enquêter à partir des documents écrits et de rester sur ses a priori.

Des erreurs

Aussi, j’ai repéré plusieurs erreurs ou approximations plus que malheureuses dans cet article :

« La création et le fonctionnement des mini-entreprises s’accomplissent sous la direction d’un représentant de l’association ». C’est faux. Le projet se fait sous la direction des enseignants qui utilisent comme bon leur semble les outils fournis par EPA. Le représentant d’EPA intervient (ou pas) à leur demande et n’a qu’un rôle d’accompagnant dans la démarche. Rien d’intrusif.

« Les noms attribués aux mini-entreprises révèlent bien qu’il n’y a pas de véritable travail dans la fabrication de leurs objets ». Faux là encore. Certains projets sont très ancrés autour de la fabrication, mon collègue de technologie pourrait en témoigner en commentant ce document et cette photographie issus du projet d’il y a deux ans. D’autres non car les mini entreprises choisissent parfois la sous-traitance de la fabrication, d’autres encore font le choix de développer un service. Bref une découverte de l’économie.

dossier-techfab

« EPA, comme toutes les associations répertoriées affirment avoir, avant tout, pour objectif de transmettre « la culture d’entreprendre », « l’esprit d’entreprise » qui se définissent par les principales qualités à faire acquérir aux jeunes : motivation, enthousiasme, autonomie… Comme le traduisent les récits et observations recueillis. » Si EPA affiche comme objectif de faire découvrir l’esprit d’entreprendre (et non d’entreprise) et le travail d’équipe (est-ce mal?), les enseignants y voient plutôt la possibilité de faire découvrir le fonctionnement de l’entreprise à des élèves qui y travailleront plus tard pour la majorité. Le pari peut être de penser que ces derniers seront plus à même de s’y retrouver (voire de s’y défendre?) s’ils connaissent mieux ce monde. C’est donc l’idée même d’un partenariat. Chacun s’y retrouve.

Notons que toutes les écoles d’ingénieurs proposent de tels projets. Faut-il les réserver à notre seule « élite » ?

« Les profils de poste de direction affichés dans un lycée pour recruter des candidats ne mentionnent aucune exigence autre que des attitudes et des dispositions comportementales » . Faux ! Mes élèves élus gérants font actuellement passer leurs entretiens d’embauche et ils veillent à placer leur camarade au poste dans lequel ils pourront s’épanouir grâce aux compétences qu’ils possèdent. Ces derniers les ont bien mises en avant dans leur cv et lettres de motivation. C’est aussi ce qu’il y a de très positifs dans un tel projet : chacun est mis en valeur en fonction des savoirs et compétences qu’ils maîtrisent ou sait développer. Voilà donc un projet qui reconnaît l’importance de chacun, l’apport de chacun. Notons que l’an dernier mes élèves avaient prévu un plan de formation pour qui voudrait développer de nouvelles compétences.

« Au lieu et place de ceux-ci, il importerait plutôt de concevoir un enseignement qui intègre les connaissances et leur mise en œuvre dans un travail produisant des biens et services socialement utiles, de sorte à concilier les impératifs économiques, démocratiques et de justice sociale. » L’auteur peut se rassurer, je reconnais dans ces derniers propos ce que je fais avec mes élèves avec ces projets.  D’une part, chaque année, les élèves ont choisit de créer une société coopérative (c’est le cas de la quasi totalité des minientreprises). Et les outils d’EPA permettent et encouragent la création de SCOP. Assemblée générale, vote démocratique, charte de valeurs, parité … font partie intégrante du projet. Les outils proposés induisent aussi une réflexion sur l’utilité sociale du produit ou service fourni. Mes élèves créent également un syndicat et élisent un délégué du personnel. Ça n’a jamais dérangé l’association partenaire, bien au contraire.

Pas de complot ultralibéral

J’entends déjà ceux qui adorent jouer les avant-garde du prolétariat derrière leur écran crier au grand complot du capitalisme mangeur d’hommes, de la marchandisation et de l’uberisation de l’école comme le fait sur la fin Lucie Tanguy. Dans les faits, on en est bien loin …

Le discours tenu par cette association et les enseignants qui s’engagent tournent autour de la reconnaissance des projets collectifs et des personnes comme valeurs premières dans l’économie (j’invite l’auteur ou les adeptes des théories du complot à écouter les propos tenus dans les vidéos le jour du concours).

J’ai toujours pu remarquer la grande ouverture d’esprit des personnes croisées dans ces projets, y compris des « entrepreneurs ». Ces derniers ne sont en rien des requins du capitalisme (ceux là ne semblent pas s’investir dans ce type de partenariat et c’est tant mieux). Ceux que mes élèves ont rencontré ont franchement apporté aux élèves et dans le respect des règles de neutralité : que ce soit cet ancien sportif de haut niveau qui a créé son entreprise comme reconversion , ou encore l’un des créateurs d’Ankama …

Je terminerai enfin par raconter la remise des prix de l’an dernier. J’y ai vécu là un des moments, (le moment ?) les plus positifs de ma carrière de prof. La minientreprise primée a été celle d’élèves d’une IME, avec des handicaps très lourds. Ils avaient bâti leur projet autour de leur handicap voulant montrer qu’ils avaient leur place dans l’économie, avec un vrai esprit militant (allant jusqu’à l’autodérision dans le clip publicitaire qu’ils avaient produit). Quand le résultat a été proclamé, standing ovation des 2000 jeunes présents pendant que les lauréats montaient sur scène ( et vu leur handicap, ils ont mis du temps à monter). Tous les profs présents étaient très très émus non pas de cette récompense mais de la réaction des autres élèves qui avaient oublié leur déception de ne pas être récompensés devant la leçon d’humanité, de citoyenneté, d’économie sociale et responsable qu’il venait de vivre.

D’une manière générale, du reste, ces projets marquent les élèves. J’ai ainsi appris récemment qu’une ancienne élève devenue assistante d’éducation avait lancé un club mini entreprise là où elle travaille.

Prompts (à juste titre) à dénoncer les caricatures dont ils sont affublés, les enseignants devraient aussi apprendre à ne pas tomber eux-mêmes dans la caricature.

Enfin, il faut aussi faire confiance aux collègues qui savent être suffisamment vigilants pour que de tels partenariats soient positifs.

Les manuels, la réforme du collège et la « spécialiste »

In Au piquet on 24 mai 2016 at 21 h 08 min

La semaine dernière, madame Fathia Boudjahlat publiait un article sur le Huffington Post(1). Après l’avoir lu une première fois en diagonale, avec un soupir de désespoir au vu de sa pauvreté, l’avoir dans un premier temps mis au rebut avec l’ensemble des propos de tous ceux qui critiquent tout avec l’obstination de lemmings approchant d’une falaise sans jamais rien proposer d’autre que des appels à l’indignation, nous avons décidé de répondre à cette dame. Nous aurions pu le faire à partir d’autres articles de cette secrétaire nationale pour l’éducation du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) (2), par exemple un de ceux qu’elle a signé pour Causeur (publication célèbre pour son ouverture d’esprit et sa défense des valeurs républicaines… ), mais il aurait fallu les citer, et ça, on n’a pas réussi.

Nous nous sommes donc mis à plusieurs pour rédiger ce texte, histoire de ne pas en porter seuls le fardeau. Ce que vous y perdrez, chers lecteurs, en cohérence, nous l’avons gagné en santé mentale.

Toutes les références se trouvent citées en bas de page. Ce sont de saines lectures que l’on vous conseille, en guise de cure de détox après la lecture des propos de madame Boudjahlat (et des nôtres, du coup). Installez vous confortablement, ça va être un peu long.

 

…Et c’est l’occasion de juger de l’application de la réforme des collèges sur pièce.

On ne voit pas très bien le rapport entre les publications d’un éditeur privé et la réforme du collège. Évidement, les manuels scolaires sont censés se fonder sur les programmes qu’ils interprètent et les nouveaux programmes font “un peu” partie de la Refondation de l’école voulue par Vincent Peillon. Quoique. Si on regarde le “manuel” proposé par M. Casali et ses copains, on peut légitimement en douter.

Bref, pour juger de la réforme, le mieux ne serait-il pas de regarder la réforme elle-même, voire les programmes ? Rappelons à toutes fins utiles que les enseignants ne sont pas payés pour suivre les instructions des manuels mais pour respecter les programmes officiels. C’est d’ailleurs à cela qu’ils sont formés. C’est même le coeur de leur métier. Il faut donc croire, que madame Boudjhelat, qui annonce dans sa biographie être enseignante, ne fait aucune confiance à ses propres collègues pour faire correctement leur travail.

Pire, elle laisse croire (et elle n’est hélas pas la seule…) à l’opinion publique que les professeurs ne font que suivre les manuels.

 

L’Enseignement Pratique Interdisciplinaire invitant à travailler sur l’électrocution de Claude François a suscité un amusement et une consternation légitimes. Ce manuel de l’éditeur Bordas ne faisait pourtant que respecter l’esprit de la réforme.

Nous ne saurions trop conseiller à madame Boudjahlat de les relire, ces fameux textes de la réforme. Et comme nous sommes des gens sympathiques, nous lui livrons ici celui qu’elle a du louper (ou pas bien comprendre) concernant les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI) :

Les EPI s’adressent à tous les élèves du cycle 4. Mobilisant au moins deux disciplines, ils permettent de construire et d’approfondir des connaissances et des compétences inscrites dans les différents programmes d’enseignement. Ils s’appuient sur une démarche de projet et conduisent à une réalisation concrète, individuelle ou collective.” (3)

Donc, oui, cet exercice qui se fonde sur un fait divers vieux de plus de 40 ans était un peu consternant, mais finalement, qu’est ce qui est le plus consternant ? Qu’il ait été désigné comme un EPI par les auteurs et les éditeurs de manuels ? Ou que de nombreux enseignants aient imaginé plus de 3 secondes qu’il s’agissait d’un EPI ?

Où est la réalisation concrète ? Le travail d’équipe ? C’est à la limite une “tâche complexe” de deux ou trois heures. Et quoi qu’on en dise, le sujet peut avoir son utilité quand on sait que 200 personnes meurent chaque année électrocutées et que chaque mois, en France, un jeune enfant meurt victime d’une électrocution. Que le cours de physique serve à la prévention, finalement, ce n’est guère choquant. Pas de quoi en faire un #cloclogate. 

 

Tout comme cet exercice consistant à transformer en lettre un sms incompréhensible, même pour les élèves.

Le “langage” SMS est un code. Et pas seulement réservé aux adolescents. Le premier SMS date de 1993…. cela fait 23 ans (l’âge de certains lauréats des concours d’enseignement, tiens, puisqu’on en parle…). À l’époque, le nombre de caractères étant limité et les forfaits non illimités, on utilisait un code pour abréger les mots. Donc, plutôt qu’une pratique de d’jeuns, disons qu’il s’agit d’une habitude prise par les pionniers des SMS (qui sont aujourd’hui des “vieux” d’au moins 35 ans) et transmise ensuite… une sorte d’argot technologique en somme. Apprendre à le décoder des SMS et montrer aux élèves qui n’en seraient pas déjà convaincus qu’un code ne fonctionne que si les deux personnes qui communiquent ont le même, pourquoi pas ? Tout enseignant digne de ce nom pourra très bien utiliser cet exercice pour déboucher sur l’idée que le français est un code dont la richesse est préférable. Nous ne voyons pas où est le souci. Et puis, il n’y a pas de mal à vouloir faire feu de tout bois pour faire écrire des textes aux élèves. Bon, par contre c’est en contradiction avec les idées éducatives du MRC pour qui la seule parole du maître est l’alpha et l’omega de la pratique pédagogique…

 

Quand des agrégés qui confectionnent les manuels essaient de parler comme des jeunes, essaient de trouver des activités tirées de leur vécu, cela donne des pages navrantes: exercice de maths sur le nombre de smileys utilisés, exercice de « speed-reading », étude de « punchlines » du rappeur Youssoufa comparées aux épigrammes antiques, comparaison entre Hector et un joueur du PSG pour appréhender la notion d’héroïsme…

Les intéressés apprécieront la haute estime que cette dame a pour eux.

Une partie du problème vient peut-être des auteurs de manuels d’ailleurs. Des agrégés, donc censés avoir été formés pour enseigner au lycée général et à l’université rédigeant des manuels pour des collégiens… Puisque les manuels sont censés proposer des pistes pédagogiques, pourquoi ne pas demander aux principaux utilisateurs de les réaliser ? Des certifiés, qui ont vocation à enseigner au collège ne sont pas assez bon pour ça ? Pourquoi devraient-ils toujours être cornaqués par des agrégés ? Pour faire plus “sérieux” ? Heureusement que tous les éditeurs ne sont pas de cet avis.

Quant à comparer Hector et un joueur du PSG… Et si l’idée était justement de réfléchir au fait que l’un soit plus héroïque que l’autre ? (On vous laisse deviner lequel.)

 

Les manuels ont été fabriqués pour respecter le contenu des nouveaux programmes mais également les nouvelles modalités de l’architecture pédagogique qui nous viennent du monde anglo-saxon: le spiralaire, le curriculaire, le transdisciplinaire.

“Que d’air ! Que d’air !”

Ce qui est bien avec le jargon professionnel, c’est qu’on peut prendre le temps de l’expliciter. Ce qui coince souvent avec le jargon professionnel c’est qu’il faut justement être un professionnel pour le comprendre. Heureusement, la dame va vous expliquer à quel point ces mots sont épouvantables. Quitte à se mettre le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.

 

Le Spiralaire. Les programmes sont organisés en spirales pluriannuelles. Le Cycle 1 concerne les classes de maternelle; Cycle 2: les classes de CP, CE1, CE2; le Cycle 3: CM1, CM2, 6èm; le Cycle 4: 5èm, 4èm, 3em. (sic)

Par pure charité nous ne relèverons pas l’hérésie typographique que constitue cette dernière phrase….

Nous nous contenterons de conseiller à l’auteur de ces lignes la définition préalable des termes qu’elle conspue.

Pour le spiralaire, il faut aller aller lire Bruner. Selon Bruner, un enseignement efficace doit mettre en avant les idées générales, les principes, les abstractions et autres structures profondes. Ce postulat l’a conduit à définir la progression spiralaire, qui consiste à revenir sur les connaissances acquises précédemment en les enrichissant, en ajoutant à chaque fois des informations plus détaillées.” (4) C’est un truc épouvantable, non ?

Parce que pour madame Boudjahlat, la seule bonne organisation des programmes c’est le chronologique et le linéaire.

Prenons l’exemple d’un cours d’histoire. Si on suit les recommandations de la dame, on fera étudier l’organisation de la République romaine à des gamins de CE2 (pour rappel ils ont 8 ans). Malheureusement, j’ai bien peur que l’importance de la création des tribuns de la plèbe en -493 leur passe légèrement au dessus de la tête. Selon madame Boudjahlat il serait donc préférable de ne leur raconter de l’histoire antique que la vulgate chère à monsieur Casali, et de leur faire croire que le tableau de Royer sur la reddition de Vercingétorix raconte une histoire vraie….

Le spiralaire, c’est justement la possibilité d’approfondir une période historique en fonction de l’âge des élèves.

Et tiens, d’ailleurs, les programmes d’histoire ne sont pas spiralaires. C’est même la seule discipline qui ne l’est pas, parce que des gens comme madame Boudjahlat ont dénoncé tellement fort la fin de la civilisation occidentale induite par les nouveaux programmes qu’on a effectivement récupéré des bons gros programmes chronologiques et annuels.

 

Les attendus en termes de savoirs et de savoir-faire ne sont plus fixés sur une année calendaire, mais s’échelonnent sur un cycle de trois ans. Le premier intérêt n’est pas d’ordre pédagogique. Il consiste surtout à empêcher le redoublement, que la Cour des Comptes a évalué, en s’appuyant sur un rapport du Haut Conseil de l’Education, à 1,6 milliards d’euros par an.

C’est bien connu. Les capacités des élèves à apprendre dépend de leur date de fabrication…. et les membre du HCE étaient des guignols.

Sauf que toutes les études prouvent que le redoublement est une pratique le plus souvent inefficace.

Ce qu’il produit surtout, ce sont des effets délétères pour les élèves qui redoublent !

[Le redoublement ] “modifie la représentation que les adolescents ont d’eux-mêmes et du métier d’élève : chez la moitié d’entre eux, cette image de soi, ainsi que celle que leur renvoie leur milieu familial, s’est détériorée après une année de redoublement, ce qui a eu des effets démobilisateurs dans l’investissement scolaire chez un quart de l’ensemble des redoublants. Ce sentiment de dévalorisation, intériorisé et peu partagé, est d’autant plus inhibant qu’il est précocement éprouvé car c’est dans l’intimité de chaque enfant mis en échec que se noue et se dénoue le sentiment d’incompétence acquis : l’élève perd confiance en surestimant les problèmes rencontrés et en sous-estimant ses compétences réelles.”(5)

Le coût du redoublement. Parlons-en. Oui, cela coûte cher à l’État pour une plus-value minuscule. Mais on oublie que ce coût est aussi et surtout à la charge des familles.

«Le redoublement, on connaît bien dans la famille. Tous mes (quatre) enfants ont redoublé au moins une fois. Si on comptait les frais que ça fait en plus, ça ferait un « sacré pactole ». A l’école ça va, mais au collège et au lycée, ça coûte cher d’apprendre. Surtout quand on met plus longtemps que les autres.»(5)

Enfin bon, les familles aux RSA n’ont qu’à se priver, c’est quand même de l’avenir de leurs enfant dont il est question.

C’est cela que vous pensez au fond madame Boudjahlat ?

 

Chiffre hasardeux. Il n’y a plus d’échec, la réussite est juste différée et remise à plus tard. Des enseignants y trouvent leur compte: si une notion n’est pas traitée, il n’y a plus de problème, on part du principe qu’elle sera revue. Il suffit d’effleurer le sujet. Qui sera abordé une autre fois. Parce que les connaissances s’effleurent plus qu’elles ne se traitent.

On voit bien encore une fois que madame Boudjahlat parle de quelque chose qu’elle ne connaît pas. Parce qu’une notion serait étudiée plusieurs fois, elle serait forcément “effleurée la première fois ? Quelle conception bizarre (quoi que poétique !) de l’apprentissage.

 

Ceci a bien sûr des conséquences sur l’évaluation. Ce mot porteur de discrimination.

Ah oui, c’est vrai dans la réforme il y  aussi le problème de l’évaluation.

L’évaluation par compétence, ça les met en rage, madame Boudjahlat et ses semblables.

 

Ainsi, le socle commun de connaissances et de compétences instauré par la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’Ecole du 23 avril 2005 a doucement mais sûrement abaissé le niveau des exigences, parce que la compétence a remplacé la connaissance et le savoir.

Vous essayez de faire croire encore que les connaissances s’opposent aux compétences. Vous n’avez pas honte ?

Des connaissances, c’est solide. Ça s’évalue de façon binaire, c’est facile à noter. On sait : 1 point. On ne sait pas : 0 point. On a une note par élève, on peut les classer : les bons d’un côté, les mauvais de l’autre. Ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. C’est simple. Simpliste. Facile. Mais ça vous plaît. C’est simple : le monde se divise alors en deux camps…. (air connu) et vous vous sentez en sécurité.

Évaluer des compétences, c’est à dire évaluer des connaissances en action, c’est un tout petit peu plus délicat. Parce qu’il faut imaginer une situation pédagogique qui permette de faire cette évaluation. Pour chaque élève. C’est toujours complexe, toujours passionnant, toujours changeant. C’est beaucoup de travail. Mais, quand je vois le temps que j’ai perdu à mettre des notes pendant 20 ans, j’ai envie de me mettre une fourchette dans le pied. Évaluer par compétence c’est le seul véritable moyen d’évaluer réellement le travail d’un élève.

Vous nous faites marrer avec vos notes. Elles sont tellement crédible que parfois, vous préférez faire une double correction, histoire d’être sûr d’avoir mis la bonne note. J’ai même lu quelque part que des calculs ayant été faits, pour avoir la véritable note d’une copie de philo au bac, il faudrait 172 correcteurs. Même l’Express et Luc Ferry le disent ! (6)

C’est dommage, on n’insiste pas assez dans cette cette diatribe sur #LeNiveauKiBaisse C’est vrai qu’avec le S4C, la baisse du niveau des exigences est tel que bien malin l’adulte qui oserait affirmer… maîtriser la totalité de ce socle.

 

On juge de la maîtrise d’un geste répétitif, avec une performance attendue minimale.

On renonce à évaluer la mémorisation

Mensonge ? Ignorance ? Ou volonté délibérée de désinformation ? La mémorisation fait partie du domaine 2 du Socle Commun, de connaissances, de compétences et de culture (S4C) et est au cœur de tous les programmes.

 

[On renonce à évaluer], la culture

Plus c’est gros plus ça a de chance de passer. Vous avez lu l’intitulé de ce Socle Commun ? C’est quoi le troisième 3 du S4C ? (question blanche du jeu des 1000 euros)

 

[On renonce à évaluer] la mobilisation de savoirs.

C’est pas comme si c’était exactement la définition d’une compétence (cf. supra)

 

Or la République…

Qui n’est pas synonyme de démocratie, merci de nous le rappeler avec les propos suivants. Sans rire, même mes élèves de 6e savent ça !  La République c’est “l’ensemble des biens, des droits, des prérogatives de la puissance publique et des services propres à un État dont la forme de régime politique est la république. Elle est accessible également à tous ses citoyens et est la propriété collective de tous. Elle s’oppose à la propriété privée, en sorte que tout ce qui n’est pas privé est public, et réciproquement« . (7)

 

…ce n’est pas l’uniformité et l’égalitarisme idéologique…

(rappel : quand on n’a pas le courage de dénoncer l’égalité il est coutumier d’utiliser le mot égalitarisme) Pour une fois vous avez raison. Une République peut même être une oligarchie, c’est à dire le gouvernement par les plus riches. C’est un peu l’école d’aujourd’hui, non ? Quand on sait combien l’état dépense pour un élève de classe prépa…. (8)

 

…c’est l’exigence républicaine, la récompense du mérite et du travail.

On a du mal à comprendre la notion d’”’exigence républicaine” sous votre plume…. au vu de la définition de la République précédemment citée. L’exigence d’une école plus coopérative ? Ah non, en fait, pour vous cette exigence républicaine c’est : mérite + travail = résultat. Vous savez que c’est très libéral comme idéologie ?

 

On est passé de la récompense du « l’important c’est de participer », à la récompense du « il suffit de participer ».

Que ne dirait-on pour tenter un mot d’esprit ! Sauf que tout le monde n’a pas le talent d’un Clemenceau ou d’un Churchill. Nous laisserons donc tomber à plat cette tentative….

 

Le Transdisciplinaire s’inscrit dans cette logique de compétence. Au travers des EPI, dont on sait maintenant qu’ils se feront aux dépends de l’horaire disciplinaire…

Sérieusement, madame Boudjahlat pense-t-elle ce qu’elle écrit ?  À sa place j’aurais honte de montrer ainsi mon incompétence. Soit elle ne sait pas lire, soit elle a de mauvaises lectures !

À la croire, (et comme il est devenu hélas si courant de le lire) les EPI ne sont pas des enseignements disciplinaires. Regardez le titre qu’elle a donné à son paragraphe. Qu’est ce qu’il y a écrit après “trans- “ ? Concentrez vous, c’est pas facile.

Comme chacun l’aura compris (à moins d’être aussi incompétent que l’auteure de cet article en lecture de textes officiels), les EPI sont une modalité d’enseignement des disciplines. On y traitera donc les questions au programme. Ni plus, ni moins. Juste autrement. Pendant 2 ou 3 heures des 26 heures de cours des élèves. C’est vrai que c’est quand même la fin du monde !

 

….et dont les enseignants ne sont plus dans les textes que les « animateurs ».

Que de mépris dans le clavier quand madame Boudjahlat saisit ce mot. Sait-elle ce qu’est un animateur ? “L’animateur socioculturel organise de multiples activités. Il les adapte à ses publics, composés aussi bien d’enfants et d’adolescents que de travailleurs ou de personnes âgées.” (9) Nous ne saurions trop lui conseiller d’aller voir de plus près de quoi il retourne. Par exemple, de remplacer un “animateur” dans… je ne sais pas, par exemple un centre d’accueil de personnes SDF. On en reparle après si elle survit à l’expérience.

Hormis cela, et en dehors de sa mauvaise foi, je ne vois pas ce qui l’autorise à dire qu’un professeur de collège, enseignant sa discipline, avec ses élèves, en suivant son programme deviendrait un “animateur” en participant à un EPI. Et c’est tant mieux, car la plupart des enseignants en seraient (nous les premiers) bien incapables !

Ah c’est l’idée d’accompagner la créativité des élèves dans un projet qui chagrine ? Parce qu’on n’a plus l’impression de contrôler tout son petit monde ? Parce qu’on n’est plus le maître qui sait face aux élèves ignorants ? Parce que ça fait mal de venir, une fois de temps en temps, s’asseoir à côté d’un élève pour travailler avec lui ?

 

L’interdisciplinarité peut être utile, elle ne peut cependant devenir la clef de voute du système scolaire.

2 ou 3 heures sur 26 par semaine, difficile d’y voir une clé de voûte !  (Oh! pas d’accent circonflexe sur le “u” ?)

 

De Vinci l’affirmait: deux arcs de faiblesse ne font pas un arc de force.

Ah ! Elle a mis du temps à venir la citation d’un homme célèbre pour donner un peu d’honorabilité au propos.

Tiens pour la peine on vous fera cadeau de la nôtre. C’est joli, c’est du Paul Valéry : “La faiblesse de la force est de ne croire qu’à la force”.

 

Elle consiste à réduire les connaissances à leurs aspects immédiatement pratiques mais surtout à les subordonner à une tâche. C’est l’application de l’idéologie du déconstructivisme. (sic !)

Ah, merci pour cette franche et saine rigolade. Confondre le constructivisme et le déconstructivisme… c’est énorme ! Confondre Piaget, l’épistémologiste et Philip Johnson, l’architecte, il fallait la faire. Vous l’avez fait. Bravo !

 

Il ne faut plus analyser le genre littéraire d’un texte, les temps verbaux, les champs lexicaux, l’époque de sa rédaction. Non, les élèves doivent juste en humer l’esprit général. Sans borne fixe ou volonté de construire une culture. Tout ceci dans un relativisme abolissant le temps et le genre: dorénavant, un élève de 5ème aura vu dans un panachage qui donne le tournis: Ulysse, Mandela, des héros du Trône de Fer, du Seigneur des Anneaux, Usain Bolt, Roland. La production attendue ? Elaborer une bande-annonce pour un film de super-héros. Les élèves ne doivent pas s’ennuyer.

Vous le faites exprès ? Au risque de nous répéter, avez vous lu les textes dont vous parlez ? Citons simplement cet extrait des programmes de français du cycle 4 (5e à 3e) :

Cet enseignement s’organise autour de compétences et de connaissances qu’on peut regrouper en trois grandes entrées :

– le développement des compétences langagières orales et écrites en réception et en production ;

– l’approfondissement des compétences linguistiques qui permettent une compréhension synthétique du système de la langue, incluant systèmes orthographique, grammatical et lexical ainsi que des éléments d’histoire de la langue (en lien avec les langues anciennes et les langues vivantes étrangères et régionales) ;

– la constitution d’une culture littéraire et artistique commune, faisant dialoguer les œuvres littéraires du patrimoine national, les productions contemporaines, les littératures de langue française et les littératures de langues anciennes et de langues étrangères ou régionales, et les autres productions artistiques, notamment les images, fixes et mobiles.

En effet : quelle horreur ! Faire dialoguer les œuvres à travers le temps et l’espace ! Mais vous n’y pensez pas très chère !

 

La logique est de susciter l’intérêt des élèves pour les enrôler dans une tâche complexe, dans une logique de projet collectif.

La logique est dans la logique. Le collectif, c’est le mal. Sauf que le collectif c’est définition même de la République dont madame Boudjahlat se gargarise pourtant. Donc la République c’est le mal ? Pourtant, la société toute entière est un projet collectif. Et dans les grandes écoles qui vous sont si chères, elles sont au cœur de la formation !(10)

 

La Ministre de l’Education a ainsi déclaré:  » Les EPI feront la part belle au travail d’équipe, à l’expression orale, à la conduite de projet…Toutes ces compétences si recherchées sur le marché du travail et trop peu développées par notre collège*. » Les EPI sont le moyen coercitif de réduire de réduire l’école à la formation à la reproduction de compétences de moins en moins scolaires, de plus en plus émotionnelles et comportementales. L’école n’instruit plus, elle occupe et divertit.

À moins d’être une chèvre, on saisit mal le lien entre ces trois phrases. Le projet c’est le divertissement ? Allez dire ça aux élèves de l’école des Mines (10).  Pas certains non plus que ces élèves de 4e qui ont cette année expérimenté les EPI les aient trouvés plus divertissants qu’instructifs. Rédiger un corpus de lettres “à l’époque de la révolution française”, c’est juste pour rigoler. Faire des recherches sur des notions ou des événements historiques, lire, écouter le professeur (si ! si ! c’est incroyable !), c’est pour rigoler.

Rédiger des billets de blog sur le thème de la notion de progrès technologique c’est carrément la poilade parce qu’on peut mélanger l’histoire et la technologie, voire même (horreur ! malheur !) réfléchir par soi même. Bidonnant, non ?

 

C’est aussi l’obsession libérale du projet aboutissant à une production impossible à évaluer individuellement, sous la forme d’une affiche, d’un diaporama, d’un livret.

À se demander qui est la plus obsédée ici…. On ne peut donc pas évaluer individuellement un écrit ? N’y aurait-il pas ici confusion ici entre la tâche et le support ? Madame Boudjahlat postule donc qu’on ne peut pas “instruire” en faisant travailler vraiment les élèves ?

 

Le curriculaire. «  Le curriculum s’intéresse donc à la totalité et à la réalité du cursus des élèves sur l’ensemble des années de scolarité ainsi que sur l’ensemble des enseignements qu ‘il est appelé à suivre. Il offre souvent matière à un travail local, à des négociations, qui sont autant de possibilités pour que les acteurs s’en saisissent. ** »

Allez ! On est sympa, on vous donne une piste de travail…

Diverses organisations internationales mettent ainsi en œuvre officiellement des programmes qui placent le « curriculum » au centre, à l’image du « Programme pour l’éducation de base en Afrique développé par l’Unesco » (BEAP en anglais) et le Bureau international de l’éducation (voir aussi les documents de travail du BIE sur le curriculum).

Le curriculum répond, dans ces programmes, à une acception large et prescriptive, qui est loin de se réduire à une façon de nommer les programmes d’enseignement, qu’on décrit plus souvent, au sens restreint, avec le terme de « syllabus ».

Dans d’autres pays francophones, comme le Québec ou la Belgique, le curriculum est non seulement un objet de réflexion pour les chercheurs mais aussi un outil de politiques éducatives et un mot familier aux acteurs éducatifs. “(11)

 

La fin de cet extrait est très intéressant: la finalité est bien l’adaptation à chaque élève et à chaque territoire, préoccupation louable s’il s’agit de partir d’une analyse fine de la réalité pour amener à un haut niveau d’exigence. Il s’agit plutôt d’adapter ce qui est attendu de l’élève en fonction de ce qui peut être espéré d’un élève-type de ce territoire. Lors d’une interview récente sur BFM TV, la Ministre de l’Éducation a eu recours à un élément de langage nouveau: « les singularités territoriales ». Un élève du « département de la Normandie » (sic) ne sera pas intéressé par l’enseignement de l’Allemand par exemple. Parce qu’il en est éloigné. C’est une rupture d’égalité entre les enfants de France, à qui il sera donné selon la catégorie CSP de leurs parents. Et en effet, qu’est-ce qu’un élève de collège classé Réseau D’Education Prioritaire pourrait faire du Latin ?

Parce que jusque là, chacun le sait, tous les enfants avaient droit aux mêmes enseignements, aux mêmes moyens, peut-être ? On ne nous trompera pas : ce qui gêne ici ce n’est pas l’apparition d’éventuelles inégalités nouvelles mais bien la disparition de certaines inégalités (quant à elles bien réelles) entre les élèves, qu’on se donnait bonne conscience à tolérer en s’appuyant sur la notion chimérique de mérite.

 

Il s’agit bien d’adapter l’offre éducative à la sociologie des habitants des territoires, on comprend alors pourquoi l’académie de Paris a pu elle, maintenir les classes bilangues. Contrairement à celle de Normandie.

Là, on est d’accord pour critiquer cet état de fait : le ministère n’aurait pas dû céder aux amis de madame Boudhjalat et supprimer autant de classes bilangues.

Mais faudrait vraiment nous prendre pour des courges que d’essayer de nous faire croire qu’aujourd’hui, un élève de ce collège là : http://lyc-jb-say.scola.ac-paris.fr/ a les mêmes chances de vivre une scolarité ambitieuse et épanouie que les élèves de ce collège là : http://www.clg-massenet.ac-aix-marseille.fr/spip/ (et ce malgré tout l’enthousiasme des collègues qui y travaillent ?)

 

L’approche curriculaire permet de prétexter la construction de parcours individualisés et personnalisés, alors qu’il s’agit d’assigner à résidence les élèves dans un misérabilisme qui est devenu une marque de fabrique de ce gouvernement.

Ah, mais en fait, ce texte n’est pas un texte sur l’éducation, ni sur les manuels scolaires (dont on a au final très peu parlé) C’est un texte politique ! (C’est doublement dommage parce que maintenant, il va falloir qu’on refasse un billet pour parler véritablement des manuels scolaires…. !)

Pourtant, pendant 5 années de présidence UMP, madame Boudjahlat n’a que je sache pas levé un seul petit doigt pour dénoncer la disparition de la formation des enseignants, les 60 000 suppressions de postes et la baisse drastique des moyens… Devinez pourquoi ?

 

On comprend qu’il soit à l’origine de l’idée de faire chanter un rappeur pour le centenaire de la bataille la plus meurtrière de la Grande Guerre, le jeune-type fantasmé est un auditeur d’Ado FM incapable de s’intéresser à autre chose. Abaissons nous, ne l’élevons surtout pas.

* http://www.lejdd.fr/Politique/Najat-Vallaud-Belkacem-Le-probleme-c-est-la-passivite-des-eleves-au-college-731592, NVB dans le JDD – 10 mai 2015

**http://www.education.gouv.fr/archives/2012/refondonslecole/wp-content/uploads/2012/09/consulter_la_comparaison_internationale_sur_les_programmes1.pdf

Pour faire plaisir à la mère de l’un d’entre nous, nous éviterons de commenter ce dernier paragraphe, dont le caractère pathétique pourrait nous amener à des paroles que la décence réprouve.

Nous conclurons donc ainsi : faites attention à ce que vous lisez… c’est pas parce que c’est écrit sur internet que c’est vrai !

Mila Saint-Anne & Laurent Fillion (… et quelques autres)

 

N-B : Promis prochainement, on commentera le sketch d’une humoriste de France Inter … (teasing)

_________________________

 

1 –  http://www.huffingtonpost.fr/fatiha-boudjahlat/les-manuels-scolaires-nouveaux_b_9982766.html

2 –  https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_r%C3%A9publicain_et_citoyen

3 – http://eduscol.education.fr/cid99750/epi.html

4 – https://zestedesavoir.com/tutoriels/604/la-pedagogie-pratiques-efficaces-et-theories-pedagogiques/1009_constructivisme-pedagogique/4197_theories-de-bruner-et-pedagogies-par-decouverte/

5 – http://www.education.gouv.fr/archives/2012/refondonslecole/wp-content/uploads/2012/07/rapport_hcee_n_14_le_redoublement_comme_moyen_de_traiter_les_difficultes_scolaires_au_cours_de_la_scolarite_obligatoire_decembre_2004.pdf

6 – http://www.lexpress.fr/actualite/societe/bac-de-philo-une-copie-dix-correcteurs-pour-quelle-note_899958.html

7 – https://fr.wikipedia.org/wiki/République

8 – http://www.education.gouv.fr/cid11/le-cout-d-une-scolarite.html%23la-depense-moyenne-par-eleve

9 – http://www.onisep.fr/Ressources/Univers-Metier/Metiers/animateur-socioculturel-animatrice-socioculturelle

10 – http://www.mines-paristech.fr/Formation/Cycle-ingenieurs-civils/Cursus/Projets/

11 – http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA-Veille/53-avril-2010-integrale.pdf

Bingo  » Réforme du collège »

In Au piquet on 11 mai 2015 at 18 h 43 min

A la demande de Cyril un bingo trop facile à réaliser car il n’y avait  plus rien à inventer. 

loto

Débat ? Des bas !

In Au piquet on 22 avril 2015 at 16 h 00 min

Les débats entre profs autour de la réforme du collège ont atteint des sommets d’intolérance ces derniers jours. Pour les opposants à la réforme, il n’est tout simplement pas envisageable que des collègues puissent s’y retrouver.

Ainsi a-t-on droit, non pas à des critiques contre la réforme mais à des critiques contre ceux qui sont pour la réforme.

On aurait pu dire ou écrire « Nous craignons que cette réforme multiplie les hiérarchies intermédiaires« , on a eu droit à « les partisans de la réformes sont pour plus de hiérarchie intermédiaire #ouichef #ouichef »

Parfois on a balayé d’un revers de la main les positions des partisans de la réforme en les accusant tout simplement « de ne jamais voir un élève« .

On aurait pu affirmer « nous sommes sceptiques  sur le bien fondé des projets interdisciplinaires », on a préféré caricaturer les pratiques de collègues les mettant en oeuvre  « un projet interdisciplinaire, c’est fabriquer un porte-clé en forme de fleur de lys »

On a aussi eu droit à toute une série d’exagérations.

Ainsi en lieu et place de « l’enseignement du latin risque d’être dénaturé avec ce nouveau cadre » on a eu « le latin est supprimé ! ce sont les humanités qu’on assassine comme à Mossoul! »

Plutôt que d’avancer que « l’allemand risquait peut-être de perdre des élèves avec la suppression de l’option bilangue (là où elle existe)« , nous avons entendu « la langue de notre premier partenaire commercial  ne sera plus enseignée« .

On a même pu lire que c’était un cadeau fait aux collèges privés … qui doivent pourtant eux-aussi appliquer la réforme

On aurait pu entendre « Nous ne sommes pas favorables à davantage d’autonomie donnée aux établissements car elle peut engendrer des disparités trop grandes » mais nous avons entendu « c’est la casse du service public voulue par l’OCDE« .

Faut-il que les opposants à cette réforme et aux nouveaux programmes qui l’accompagneront soient si peu surs de leur position en faveur du maintien d’un système qui engendre des inégalités pour se montrer incapables d’argumenter sereinement ?

On peut être contre cette réforme mais qu’on nous explique vraiment pourquoi … et qu’on accepte que d’autres puissent la trouver positive.

Ma réponse au SNALC-en-guerre

In Au piquet on 26 mars 2015 at 19 h 44 min

Ma réponse au message honteux du SNALC reçu sur ma boite académique.

———————————

Vous me permettrez de ne pas débuter cette réponse par « cher collègue » comme vous vous avez osé le faire pour finalement m’insulter en fin de message.

Vous ne m’êtes ni cher, ni collègue car il faudrait pour cela au moins partager certaines valeurs bien absentes de votre honteux message.

Les récentes victoires électorales du parti qui vous avait apporté son soutien lors des élections professionnelles vous donnent apparemment des ailes pour oser vous montrer sous votre véritable jour.

Qu’un syndicat utilise la messagerie académique pour insulter une partie des enseignants, il fallait oser.

Qu’un syndicat d’enseignants emploie des éléments de langage jusque là réservés aux franges les plus extrémistes de nos politiques (guerre, Nomenklatura, chienlit ..) est plus que préoccupant.

Difficile d’oublier, dans ces conditions, qu’un ex-dirigeant de ce syndicat se soit, par le passé, exprimé sur les ondes de radio Courtoisie.

Qu’un syndicat tombe dans le populisme le plus facile en vantant son indépendance totale est presque risible. On attend avec impatience l’annonce logique que le SNALC abandonne toutes ces décharges syndicales par souci d’indépendance.

Qu’un syndicat se permette de désinformer ses collègues en caricaturant à ce point un projet de réforme relève de l’imposture.

Que vous osiez prétendre que les idées réformatrices l’emportent avec ce projet de réforme de collège, alors que seul 20 % de l’emploi du temps des collégiens sera dégagé pour permettre aux collègues qui désirent d’apprendre autrement de le faire dans des conditions sinon décentes au moins organisées, montre votre malhonnêteté et la manipulation que vous tentez.

Vous omettez de rappeler qu’il restera 80 % du temps pour continuer à ne rien changer.

Ce sera largement assez pour la minorité qui vous suit pour renforcer le caractère élitiste et segrégatif de notre collège.

Passons sur les autres désinformations sous forme d’annonces de catastrophes.

Comment osez-vous encore vous en prendre à la formation initiale alors que vos mêmes arguments ont conduit les gouvernements précédents à la supprimer et à envoyer de jeunes collègues dans les classes sans aucune formation ?

Vous entrez en guerre ? Comptez-sur moi pour résister face à vos outrances, vos caricatures, votre violence verbale et face aux idées que vous défendez pour conserver voire amplifier une école fermée et inégalitaire.

Laurent Fillion

D’autres voeux pour les professeurs d’histoire, de géographie et d’éducation civique.

In Au piquet on 14 janvier 2015 at 21 h 30 min

Nous venons de lire les voeux du Président de l’Association des Professeurs d’Histoire Géographie.

Nous avons nous aussi des voeux, nous aussi nous accusons (chacun a le droit de jouer le Zola de pacotille), nous aussi nous appelons (chacun peut jouer le de Gaulle de pacotille)

 

Nous vous souhaitons pour cette nouvelle année tous nos voeux de bonheur, personnels bien sûr mais aussi des voeux de bonheurs pédagogiques, ceux là même qui nous portent dans notre belle et importante mission au service de notre pays et de ses valeurs.
Nous somme nombreux à le penser et à rencontrer des collègues enthousiastes qui s’appliquent à offrir à tous les jeunes une formation de base de qualité, en y mettant toute leur énergie et toute leur intelligence. Tous ceux qui s’impliquent dans leur métier comme jamais, qui osent innover chaque jour dans leurs classe pour donner davantage de sens à leur métier. Celles et ceux qui travaillent ensemble par delà les barrières des programmes disciplinaires et des lamentations passéistes. Ceux qui imaginent le monde de demain dans lequel vivront leurs élèves. Les utopistes, les optimistes, les bienveillants.

 

Pour ces collègues, trop souvent en butte aux critiques, nous avons souhaité répondre aux voeux désespérants du président de l’Association des Professeurs d’Histoire Géographie afin de leur dire que oui, il y a d’autres chemins légitimes, d’autres combats à mener que la défense d’intérêts disciplinaires d’un autre temps et qu’ils ne sont pas seuls à se penser également professeurs d’éducation civique.

 

Nous faisons le voeu

Nous faisons le voeu d’avoir un jour une association professionnelle qui représente vraiment les professeurs d’histoire géographie et d’éducation civique et pas seulement les désenchantés qui n’ont pas compris que le remise en question est la qualité essentielle d’un enseignant. Une association qui rassemblerait tous ceux qui cherchent à établir des liens entre les disciplines pour leur enrichissement mutuel. Une association qui s’attacherait davantage à la façon d’enseigner qu’au nombre d’heures passées en classe. Une association qui soutiendrait ceux qui savent que ce sont les difficultés de notre métier et l’art de les surmonter qui lui donnent toute sa valeur.

 

 Nous accusons

Nous accusons toutes celles et ceux qui brandissent comme un étendard la soit-disant opposition entre les savoirs et les compétences de mensonge, ou pire, d’incompétence. Nous les accusons de salir le travail de nombreux collègues qui ont, depuis plusieurs années, dans leurs établissement, choisi de mettre en oeuvre un enseignement par compétences. Eux savent à quel point cette approche est exigeante sur le plan des savoirs historiques et géographiques car s’appuyant sur la mobilisation de savoirs vraiment maîtrisés. Eux ne confondent pas compétence et savoir-faire utilitariste.

Nous accusons ceux qui réfutent l’importance de la pédagogie et de la didactique de s’être trompés de métier. La finalité d’un cours n’est pas d’offrir au professeur une scène pour démontrer ses savoirs, ni de lui permettre de se gargariser de la puissance de sa propre pensée. C’est, (doit-on encore le rappeler ?) bien au contraire de permettre aux élèves, à TOUS les élèves (et pas seulement cette élite d’élèves qu’on cornaquera jusqu’en classe prépa) d’accéder aux savoirs, aux savoir-faire et aux savoir-être qui leur permettront de devenir des adultes heureux et libres, conscients et acteurs de leurs vies. Ne pas s’y consacrer de toutes ses forces est une faute.

Nous les accusons de participer à la violence institutionnelle qui exclut de la poursuite d’études ou qui contraint à une orientation non choisie des dizaines de milliers de jeunes qui sortent du système scolaire en traînant comme un boulet l’image de leur échec.
Nous les accusons de tromper les jeunes qui envisageraient de devenir enseignants d’histoire, de géographe et d’éducation civique en leur laissant croire que la pédagogie et la didactique ne sont que des hochets au service du laxisme. Ils concourent par leurs discours au mal-être de trop nombreux collègues qui souffrent d’exercer un métier qui n’est pas celui auquel ils s’étaient préparés.
Nous accusons ceux qui par leur discours ambigus sur une École qui sacrifierait l’histoire et la géographie, de faire le lit de certaines figures médiatiques qui caricaturent notre enseignement pour vendre leurs livres aux couleurs sépia. Par leur vision passéiste de nos disciplines, ils insultent les nombreux enseignants qui se remettent chaque jour en cause pour porter dans les classes une science en perpétuelle évolution.

 

Nous appelons

Nous appelons les professeurs d’histoire, de géographie et d’éducation civique à continuer à s’engager, à se former, à travailler ensemble. À ne jamais se satisfaire de l’immobilisme et de la facilité. À poursuivre leurs réflexions pour diversifier leurs pratiques pédagogiques et didactiques.

Nous appelons l’opinion et en particulier les parents d’élèves, à ne pas croire que celui qui parle le plus fort a toujours raison. Non, la façon dont on vous a enseigné l’histoire, la géographie et l’éducation civique n’est pas la seule possible. Non, les programmes de votre jeunesse n’étaient pas forcément plus rigoureux, construits, logiques. La seule chose dont vous pouvez être certains, c’est qu’ils ne s’adressaient qu’à un petit quart de la jeunesse de notre pays. C’est exactement l’inverse de ce dont nous rêvons pour les jeunes dans nos classes.

 

Mila Saint Anne & Laurent Fillion

 [Pour lire ce billet sur le blog de Mila Saint-Anne et découvrir la magnifique illustration qu’elle a choisie, suivre ce lien.]

En tant que prof qui évalue sans note, je voudrais proclamer haut et fort que je suis contre la pêche au thon rouge !

In Au piquet on 9 décembre 2014 at 12 h 05 min

« M’sieur, vous avez vu on en parle de vos évaluations en ce moment à la télé !« .

Oui j’ai vu… et  j’ai entendu… et j’ai lu…

… beaucoup d’âneries… d’intervenants qui maîtrisaient bien mal le sujet… et pour cause…

Quelle légitimité ont dans ce débat des Brighelli, Bentolila, Girard (du Snalc) ou autre Bonod ? Comment peut-on avoir un avis sur ce qu’on n’a jamais mis en oeuvre ?

L’honnêteté intellectuelle voudrait qu’on se garde d’avoir un avis tranché sur des pratiques qu’on n’a jamais adoptées.

Mais il semble que l’honnêteté intellectuelle s’arrête là où commencent le narcissisme de certains et les intérêts commerciaux des autres.

S’il faut nécessairement des interviewés qui ont un livre à vendre, on aurait pu chercher des enseignants qui ont vraiment et récemment écrit sur le sujet à partir de leurs propres pratiques (Florence Castincaud et Jean-Michel Zakhartchouk, Dominique Natanson).

On ne peut que s’étonner de n’avoir ni lu, ni entendu de professeurs des écoles élémentaires qui évaluent pourtant sans notes.

On ne peut que s’étonner de n’avoir ni lu, ni entendu d’enseignants des écoles maternelles qui parviennent bien à « apprendre » (sauf Pour Xavier Darcos)  sans noter…

On ne peut que s’étonner de n’avoir ni lu, ni entendu de professeurs ayant abandonné la notation pour d’autres formes d’évaluation comme ceux du collège Clisthène par exemple.

On ne peut que s’étonner de n’avoir ni lu, ni entendu de professeurs qui ont créé des outils numériques facilitant ces évaluations sans notation, comme Thomas Crespin de Sésamath par exemple.

On aurait même pu faire lire et faire  écouter des collègues qui ont abandonné la notation un temps pour y revenir. J’en connais quelques-uns qui justifient ce retour en arrière par le besoin de classer leurs élèves, de les positionner les uns par rapport aux autres.

Cela aurait eu le mérite de recentrer le débat. Car, comme je l’ai déjà précisé, NON le sujet n’est pas de savoir si telle ou telle forme d’évaluation est bienveillante ou non, décourageante ou non.

Le sujet est de savoir pourquoi on évalue. Mettre l’évaluation au service des apprentissages ou de la sélection ?

Dans le premier cas, il faut bien reconnaître qu’on n’a entendu, depuis une semaine,  aucun argument pédagogique en faveur des notes.

Par contre des propos démagogiques, nous avons eu à foison : « pas de note, pas d’évaluation » / « la note seul outil de rendre compte du « travail » d’un élève » / « la note seul outil capable d’informer les parents » / « supprimer les notes du laxisme !« .

Pardonnons à ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent.

Si seulement on avait davantage donné la parole aux praticiens, on aurait  -ô surprise – découvert que l’évaluation sans note permet d’accompagner les élèves dans leurs apprentissages, qu’elle est au final synonyme d’exigence, qu’elle informe bien plus finement profs, élève et parents…

Les médias leur donneront sans doute la parole plus tard  à l’occasion d’autres débats : « Pour ou contre la pêche au thon rouge ?« , « Miss Nord-Pas-de-Calais méritait-elle de gagner ? »

… et on les présentera comme des experts en la matière …

« Dans une nation libre, le seul avis qui ait de l’autorité, c’est l’exemple » (Edouard Herriot)

Médiocrités

In Au piquet on 25 octobre 2014 at 10 h 49 min

On interdit donc à certains collègues de s’exprimer sur le net (et ailleurs).

Difficile à admettre quand ils le font en signant de leur nom une réflexion (dont on peut ne pas tout partager) ouverte au débat et en s’appuyant surtout sur leur expérience.

Difficile à admettre quand il s’agissait de préciser que la pédagogie doit toujours l’emporter sur toute autre considération.

Cela fait des années que l’institution ne prend pas la peine de répondre à des pamphlétaires qui caricaturent les pratiques pédagogiques de bon nombre d’enseignants, qui mentent allègrement à longueur de pages et d’ondes. Mais ceux-là ont le soutien de quelques figures médiatiques…

Dans le même temps, à longueur de forums ou de blogs, de courageux anonymes se cachent derrière des pseudos pour mépriser élèves, parents et collègues et au final dégrader par leur excès et leur outrance l’image du monde enseignant.

Il ne s’agit pas de les faire taire mais de ne pas les encourager.

Or, en censurant la réflexion, le courage et le débat, on encourage la médiocrité et la caricature.

Et si on jouait au bingostatut ?

In Au piquet on 29 mars 2014 at 11 h 41 min

Après le bingo socle, le bingohistoire, voici venu le temps du bingo statut.
A jouer cette semaine dans toutes les bonnes salles des profs.

bingo statut