Sitôt les résultats du dnb connus, les commentateurs se sont précipités pour les dénigrer et avec eux le travail de nos élèves.
Pas tous, la grande majorité des professeurs s’est réjouie de la réussite des élèves mais l’éternelle minorité grincheuse et quelques journalistes non spécialisés qui ont bien mal préparé leur sujet.
Près de 90 % de réussite ! Et alors ? Un diplôme n’aurait de la valeur que s’il était restreint à un tout petit nombre ? Le DNB ne valide pas une poursuite d’études ni un accès à quoi que ce soit, et les élèves le savent très bien. Il valide la maîtrise d’un minimum requis en fin de scolarité obligatoire. Du reste, ces résultats rejoignent les tests organisés par le ministère de la Défense lors de la journée défense citoyenneté. 90 % des jeunes maîtrisent ce minimum, 10 % ne le maîtrisent pas. Ceux qui crient au scandale parce qu’on « donne » le brevet à 90 % des élèves taisent en fait le vrai scandale : 10 % ne l’obtiennent pas. Toute notre énergie devrait être utilisée pour que ces 10 % l’obtiennent également. Mais 100 % de réussite provoquerait assurément la mise en PLS de certains …
Mais quand on fixe comme objectif à l’éducation de sélectionner et d’écarter progressivement les élèves, ça se tient. Quand ils sont enseignants, les auteurs de ces propos n’ont en effet souvent qu’un rêve : enseigner dans les filières sélectives, dans un lycée bourgeois ou à l’université. Ces 10 % d’élèves en difficultés, ils les laissent à d’autres.
Ceux qui proclament que ce brevet est « donné » réfléchissent-ils à la violence de leur propos pour les élèves qui ne l’obtiennent pas ? Et pour ceux qui ont réussi à l’obtenir après de réels efforts ?
On entend et lit beaucoup de bêtises à propos de ce dnb 2017.
Pour certains « anti réforme du collège », il aurait été modifié pour faire augmenter le pourcentage de réussite et ainsi prouver les bienfaits de cette réforme… A ces derniers, on pourrait leur faire remarquer que ces bienfaits ne pourront être visibles que dans trois ans quand une cohorte d’élèves aura réalisé la totalité de son parcours au collège post réforme (à condition qu’elle ne soit pas trop détricotée par le ministre d’ici là). Ils devraient donc se réjouir de cette augmentation qui concerne des élèves qui ont réalisé 3 ans sur 4 hors réforme, non ?
Pour d’autres (ou les mêmes) il cacherait la baisse du niveau (dont on ne sait pas à quand elle remonte selon nos interlocuteurs). Ainsi on donnerait un diplôme synonyme de haut niveau de maîtrise et pire des mentions plus nombreuses sans que ce soit justifié. Encore une fois, le dnb valide un minimum. Cela ne signifie en rien qu’on ne vise pas et n’obtienne pas plus : Quand on distribue un diplôme à tous les participants à un marathon qui sont allés au bout, ça ne signifie pas que tous les coureurs ont réalisé le dernier temps !
L’obtention du brevet n’est pas la réussite mais c’est une réussite pour les élèves et on pourrait au moins respecter cela.
Comment critiquer le fait que le nombre de mentions Bien et Très Bien soit en augmentation quand on sait que le principal intérêt de ces dernières est l’obtention d’une prime pour les élèves boursiers. Les « héritiers » seraient contre ?
Mes élèves qui ont obtenu le brevet le méritent ! Ils le méritent parce que dans mon établissement, le positionnement sur les compétences du socle s’est fait sérieusement à partir des évaluations des dites compétences sur l’ensemble du cycle. Ni sabotage (pour démontrer après coup facilement que ça ne fonctionne pas quand on n’a pas voulu s’y mettre pendant trois ans ), ni surévaluation. Ils le méritent parce que certains ont su rattraper les points qui leur manquaient lors des épreuves terminales, y compris par un oral qui permet à certains élèves de se mettre en valeur.
Quand je vois avec quel stress ils se sont présentés à ces épreuves, quand je vois leur joie pour certains de l’avoir obtenu alors que ce n’était pas gagné ou pour d’autres d’avoir obtenu la mention qu’ils visaient, de quel droit je leur dénigrerais cette réussite ? Pourquoi leur dirais-je que « de mon temps le brevet valait plus » (de mon temps on ne le passait pas d’ailleurs) si ce n’est pour valoriser ma génération en abaissant la leur ? Les élèves savent très bien que ce qu’ils viennent d’obtenir n’est pas un sésame pour l’avenir, seuls les adultes de mauvaise foi font croire le contraire.
Si on veut un débat sur ce brevet, on peut l’avoir : Est-il utile ? Qu’est-ce qui justifie le coût des épreuves terminales ? La validation des compétences (faite avec rigueur) et une présentation orale ne suffiraient-elles pas ? Elles ont certes un intérêt : entraîner les élèves aux épreuves futures, mais aussi de sérieux inconvénients comme celui d’enfermer les apprentissages de l’année de 3e dans une préparation à des types d’exercices très ciblés et de nous faire courir après un programme bien trop lourd.
Je terminerai par féliciter les élèves qui ont obtenu ce brevet (en particulier les miens). N’écoutez pas les grincheux, soyez fiers et que cela vous motive pour l’an prochain.
Quant à ceux qui ne l’ont pas obtenu, ne vous découragez pas afin d’obtenir un futur diplôme plus important. Prenez cet échec comme une invitation à vous investir davantage. En effet, la plupart d’entre vous avez décroché à un moment. Raccrochez donc ! Pas facile certes quand l’Education Nationale exige de vous d’entrer dans un moule quand c’est elle qui devrait s’adapter à vos difficultés de différentes natures pour vous faire réussir comme les autres.