Réflexions personnelles sur notre système éducatif et son actualité

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Uchronie

In Salle de classe on 9 novembre 2014 at 17 h 18 min

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1880 …

Cette semaine, le président Jules Grévy a annoncé dans un entretien accordé au journal Le Temps que tous les élèves de France seront dotés à la rentrée prochaine de manuels de classe.

La rubrique « Courrier des lecteurs » du journal a depuis été submergée de messages laissés par nos hussards noirs de la République.

Certains ont accueilli avec bienveillance cette décision mais ont aussi alerté le président Grévy sur la nécessité de former les instituteurs de France à ce nouvel outil, rappelant que l’essentiel résidait dans l’acte pédagogique. Pour ces derniers, en effet, pas question de se contenter d’être dotés de manuels mais l’essentiel est bien de savoir comment on utilisera ce nouvel instrument. Parmi les enseignants à faire cette mise en garde, nombreux sont ceux qui utilisent déjà avec leurs élèves un manuel manuscrit élaboré par leurs soins.

D’autres rejettent purement et simplement la proposition du Président et ce, pour diverses raisons.

Pour les uns, c’est « vendre l’école de la République aux maisons d’édition », allant pour certains à regretter le coût de l’opération alors que les salaires des instituteurs n’augmentent pas assez. D’autres encore n’hésitent pas à y voir « une manœuvre pour renflouer l’industrie du bois et de la pâte à papier, durement touchée par la perte de l’Alsace et de la Lorraine et de leurs forêts« .

D’autres encore réfutent l’idée même de progrès avec ce nouvel outil et critiquent cette course permanente aux progrès techniques : « déjà que certains veulent nous changer la couleur du tableau noir pour du vert » / « et pourquoi pas nous inventer un outil autre que la plume pour écrire tant qu’on y est ! »

Enfin, pour beaucoup, c’est la fonction même de l’instituteur qui est mis en cause avec cette décision: « A quoi servira désormais l’instituteur si le savoir sort d’un manuel et non plus de sa bouche ? » / « Doit-on se cantonner à un rôle d’accompagnant ? » / « Si on continue ainsi, en 1920 le métier d’enseignant aura disparu, c’est sûr ! »

L’avenir dira qui avait vu juste…

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