Réflexions personnelles sur notre système éducatif et son actualité

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Un bilan de compétences par et pour l’élève

In Salle de classe on 28 novembre 2012 at 17 h 50 min

J’avais l’an dernier critiqué la manière dont se déroulent les conseils de classes.

Exercice facile … et inutile si on n’essaie pas de proposer une quelconque amélioration.

L’évaluation par compétences m’offre une possibilité d’essayer.

J’ai demandé à  chacun de mes élèves de compléter ce bilan. Le jour du conseil de classe, les deux délégués les auront sous les yeux et pourront ainsi nous éclairer lorsqu’on abordera le cas de tel ou tel élève.

Enfin j’aimerais demander à mes collègues de valider ou non le choix des objectifs de progrès choisis par les élèves.

Au second trimestre, on pourra leur préciser s’il est réussi ou non.

Expérience à suivre …

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Et si on jouait au Bingosocle ?

In Au piquet on 9 novembre 2012 at 10 h 09 min

Besoin de faire une pause devant le côté caricatural  voire la bêtise des arguments anti-socle? 

Sur le modèle du  bingo du mariage  de Têtu (1), nous (2) vous proposons de jouer au grand bingosocle

Le principe est tout simple : que vous soyez devant votre ordinateur à lire certains blogs, sites ou un forums, devant certaines revues syndicales ou journaux ou encore dans une salle des profs, sortez votre grille de bingo dès que le sujet du socle commun ou de  l’approche par compétences est discuté.
Soyez bien attentif et cochez les expressions ou arguments entendus.

 

 

Une ligne cochée : c’est le bingo d’argent !

Une colonne cochée ? c’est le bingo d’or

Toute la grille cochée ? C’est le grand chelem (il est assez facile de le réussir, j’aurais bien quelques adresses web à vous donner pour ça mais ce serait alors trop facile)

(1) une idée de E. Kochert

(2) citations caricaturales entendues ou lues sur le socle commun recueillies entre autres par G. Caron, E. Kochert, A. Lozach, S. de Vansay, M. St Anne, G. Touze, T. Biava

Evaluation binaire ?

In Salle de classe on 6 novembre 2012 at 13 h 34 min

On lit souvent que l’évaluation par compétences n’est pas sérieuse parce qu’elle est binaire : acquis – non acquis.

Il y a là une grossière confusion entre l’évaluation et la validation. Une validation est forcément binaire : le brevet, le bac, le permis de conduire : on l’a ou pas.

Je ne connais pas de collègues qui pratiquent l’évaluation par compétences à partir d’une échelle binaire : sur Pronotes, il y a cinq niveaux je crois, sur SACoche que j’utilise, il y en a quatre, même chose pour les ceintures de compétences.

Par contre, je connais bien un système binaire :  il a la moyenne / il n’ a pas la moyenne.

 

 

Une évaluation sous forme de tâche complexe en géographie en 3e

In Salle de classe on 5 novembre 2012 at 13 h 24 min

En guise d’exemple de ce qu’il est possible de mettre en place en histoire-géo. Loin de moi l’idée d’en faire un modèle, c’est sans doute améliorable. Mais une réponse à ceux qui proclament que c’est impossible ou inutile.

En classe de Troisième : évaluation proposée après la séquence consacrée à la région (Nord-Pas-de-Calais)

Une tâche complexe : 

Surpris dans un premier temps, les élèves ont à l’unanimité trouvé ce type d’évaluation intéressant. Ils ont d’ailleurs tous produit une affiche.
Il s’agissait bien d’une évaluation de fin de séquence. Les élèves n’avaient donc pas accès internet ni à leur manuel.
Ils pouvaient toutefois  me proposer d’autres illustrations que celles fournies en indiquant leur nature dans des cadres vierges (je me suis chargé de les ajouter par la suite). Ils pouvaient aussi me proposer des tailles plus grandes pour les vignettes fournies (là aussi je me suis charger de leur agrandir). Voilà pour la forme … qui compte beaucoup pour les élèves.
Quant au fond, j’attendais un mobilisation des connaissances sur la région et de quelques savoir-faire, notamment l’élaboration d’un croquis cartographique.
Comme annoncé dans l’énoncé, chaque élève n’était évalué que sur les capacités qu’ils tentaient de mettre en oeuvre.
Certaines étaient communes à tous :
en « transversal » :
-Comprendre et respecter une consigne complexe
-soigner son écriture,sa présentation
-Choisir le bon support de communication
en « géographie »
-décrire et expliquer l’organisation et le fonctionnement d’un espace
D’autres ont été évaluées en fonction des choix effectués par les élèves
– Connaître les différentes collectivités locales et leurs compétences
– Maîtriser le vocabulaire des espaces ruraux
– Maîtriser le vocabulaire des espaces urbains
– décrire et expliquer un aménagement du territoire
– manier les changements d’échelles
– construire ou compléter une carte ou un croquis et sa légende
Quelques productions particulièrement réussies :

Pour quels résultats ?
Certains élèves qui apprennent leurs leçons sans leur donner suffisamment de sens pour pouvoir les utiliser efficacement d’habitude ont pu, avec ce type de tâche, davantage se retrouver. Ils ont pu en effet « montrer » tout ce qu’ils avaient appris.
Il y avait en fait deux écueils à éviter :
– réaliser effectivement une affiche mais en oubliant d’utiliser le cours. Certains élèves, peu nombreux, sont tombés dans ce piège. Parmi ceux-ci une part n’aurait sans doute pas fait mieux avec une évaluation plus classique faute de maîtriser vraiment l cours.
– « réciter » son cours, en montrer le plus possible … en oubliant le support demandé. Certains « bons » élèves ont parfois flirter avec cette lacune, qui au final, n’est pas bien grave.
Une capacité a été moins bien réussie que les autres : décrire et expliquer un aménagement. J’en suis sans doute un peu responsable. Malgré la mise en garde dans la consigne, beaucoup d’élèves ont voulu utiliser tout ou partie des illustrations fournies en se contentant d’illustrer (alors qu’elles correspondaient toutes à des réalisations régionales étudiées en classe).
Si vous pensez qu’à travers cette démarche j’ai servi l’ultralibéralisme et me suis fait un apôtre de l’OCDE, n’hésitez pas à me le démontrer…

à propos de la compétence « utiliser le micro trottoir en journalisme »

In Au piquet on 1 novembre 2012 at 13 h 14 min

Hier soir dans la voiture. Reportage sur France info à l’occasion des élections présidentielles américaines. Retour sur la mesure phare de B. Obama : la loi « santé ».

Interview d’une américaine qui dispose d’une assurance privé et qui, si elle comprend bien qu’il faut en fournir une aux plus pauvres, ne voit pas pourquoi elle serait obligée d’en changer. Second interview d’une autre américaine qui nous explique qu’avec la nouvelle loi, elle ne pourrait plus se faire soigner du cancer comme elle l’a fait il y a quelques années. Fin du « micro trottoir ».

Et là, excellent travail de la  journaliste qui nous explique que ces témoignages relèvent du ressenti et non de la réalité. La première américaine était visiblement mal informée, quant à la deuxième, elle était sans doute militante républicaine. La journaliste nous expose ensuite dans le détail le contenu de la loi  et nous démontre que les propos précédents étaient totalement infondés. Elle précise aussi que l’administration Obama a bien mal présenté et défendu cette loi.  Bref, elle fait du journalisme.

Me vient alors en tête un parallèle. Le matin, deux pages dans Le Figaro  Libération consacrées au livret personnel de compétences (LPC), à moins que ce ne fût au socle commun, ou encore à l’évaluation, (pas facile de savoir au juste tant tout y est mélangé). Comme dans le reportage de France Info, on donne la parole à des témoins : quatre profs de collège, dont l’une très médiatique.

Et là on a droit à une série d’affirmations impitoyables.

On lit ainsi que le LPC est  «un outil bureaucratique, inspiré de recommandations européennes et de l’OCDE, qui véhicule l’idée d »élèves employables » avec des compétences qui tourne le dos à à une vision humaniste du savoir»

ou encore que le «socle commun, ça veut dire un minimum. Alors qu’il s’agit de faire progresser les élèves. Et puis je n’aime pas ce mode d’évaluation binaire « acquis » ou « pas acquis »».

Un collègue nous alarme : « Le gros danger à ne travailler que par compétences : c’est d’oublier les connaissances. Or il faut d’abord commencer par elles. »

Quant à la médiatique Mara Goyet, (en digne héritière de Natacha Polony)  elle s’amuse :

« cette idée de devoir mettre une date à côté de chaque acquisition »

« tout est mis sur le même plan : « Dégager l’essentiel d’un texte lu » et « savoir nager » »

 » Dans le même registre, et dans ce grand ensemble dédié à sonder la culture humaniste des collégiens, on trouve l’item : « être sensible aux enjeux esthétiques et humains ». C’est sacrément grandiloquent, et je ne vois pas comment donner une note de sensibilité. »

Si Libé avait travaillé comme France Info, on aurait eu droit à quelques explications et rectificatifs. On aurait pu lire que les intervenants confondaient allègrement socle commun et LPC, évaluation et validation, évaluation et notation  …

On aurait pu mettre en relief leurs contradictions : un LPC qui tourne à la fois « le dos à une vision humaniste du savoir » … mais qui possède « un grand ensemble dédié à la culture humaniste des collégiens »

On aurait pu préciser que le LPC tel qu’il existe de ne demande pas de dater ni de noter l’acquisition des compétences ou encore que tout n’est pas mis sur le même plan puisque présenté en 7 piliers bien distincts, montrant ainsi que certains propos sont tout simplement mensongers.

Une mise en perspective avec la réalité des textes et des pratiques aurait permis de différencier évaluation (qui n’est pas binaire) par compétences et validation (qui elle l’est par nature !).

Un simple entretien avec un prof de collège qui pratique vraiment l’approche par compétence aurait permis de tordre le cou à ce « marronnier « : compétences et connaissances sont antinomiques. Une compétence est en effet la mise en oeuvre, la mobilisation de connaissances.

Un recadrage aurait été nécessaire quant à la nature du socle commun. Minimum en effet, mais minimum qui doit être garanti à tous (et non minimum qui remplace les programmes comme on veut le faire croire). L’instauration du SMIC a-t-il fait baisser la totalité des salaires ou a-t-il permis à certains d’obtenir un minimum décent ? La suppression du SMIC entraînerait-elle une élévation des salaires ?

On aurait pu aussi cibler les justes problèmes repérés par les collègues : le degré d’acquisition attendu, l’inutile complexité du livret, la manque de cohérence dans la mise en place du socle…

On le voit, en adoptant la méthode utilisée par sa consœur de France Info, la journaliste de Libé aurait pu nous offrir un article intéressant montrant toute la complexité des débats éducatifs. Comme pour le reportage précédemment cité, on aurait pu conclure que beaucoup sont mal (in)formés, que d’autres s’opposent en avançant des arguments fallacieux et enfin que l’administration a bien mal présenté et défendu cette réforme.

Hélas non.

On a au contraire eu droit à une illustration de ce qu’affirmait M-C. Missir de l’Express lors du colloque organisé par le CRAP-Cahiers pédagogiques mardi dernier  « L’éducation dans les médias, c’est une affaire de marronniers et des camions de clichés«