Réflexions personnelles sur notre système éducatif et son actualité

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Changer les fondations sans toucher aux murs …

In Salle des profs on 15 octobre 2012 at 8 h 52 min

La refondation de l’école passe cette semaine à une nouvelle étape : le ministre doit recevoir les organisations syndicales et les associations concernées. Un peu étonnant puisque celles-ci ont largement participé à la grande concertation  engagée depuis juillet.

Le rapport qui a été remis au Président et au ministre suite à cette concertation possède, à mes yeux, un grand nombre de propositions positives et courageuses sur de nombreux points.

Contenu du rapport de la concertation « refondons l’école » vu par Wordle

Morceaux choisis :

Sur les pratiques pédagogiques :

« la refondation sera pédagogique ou ne sera pas. »

« Or, malgré de nombreuses expériences pionnières, malgré l’investissement et l’imagination de très nombreux personnels de direction et d’enseignants, l’école est restée dans l’ensemble fidèle à une pédagogie frontale traditionnelle : un maître face à un groupe d’élèves suivant le programme au même rythme. Pourtant, les résultats de ces expériences, les exemples étrangers comme les enseignements de la recherche nous montrent que d’autres pédagogies – les petits groupes, le tutorat, les projets – sont plus efficaces, en particulier, face à la difficulté scolaire. »

Sur l’évaluation

« Pratiquer, plutôt qu’une notation-sanction, une évaluation positive simple et lisible, valorisant les progrès »

« réformer le diplôme national du brevet pour prendre en compte le socle. »

Sur l’éducation à la citoyenneté :

« L’apprentissage de la citoyenneté ne se résume pas à l’acquisition, nécessaire, de connaissances sur le système politique et institutionnel. Pour « exercer de manière lucide et raisonnée la part de souveraineté qui lui est dévolue, le citoyen doit avoir appris à s’informer sur des sujets politiques, à juger du point de vue de l’intérêt général, à avoir le souci du bien commun, de la justice et de l’égalité, à argumenter et à débattre, à assumer des responsabilités collectives. Ces compétences civiques s’acquièrent notamment par la participation aux instances représentatives et/ou à la vie associative de son établissement. »

Le discours de François Hollande, mardi, est apparu beaucoup plus « prudent » que le rapport. Il est vrai qu’entre temps, certaines organisations qui n’ont pour ambition pour l’école que l’immobilisme (tout en paradoxalement pointant ses faiblesses) avaient brandi les menaces d’une opposition farouche (donc peu constructive).

Un passage du discours m’a interpellé :

« Une grande ambition peut être gâchée, en tous cas tourmentée, par des détails qui viennent lui nuire et parfois la limiter. Il faut avoir dans ces choses à la fois de grandes idées et aussi la passion des détails. »

C’est vrai ;  les détails sont importants … c’est pourquoi je me suis demandé pourquoi le président avait évoqué un « socle commun de connaissances » en omettant les compétences.

Continuité dans l’extrême prudence jeudi avec Vincent Peillon qui a tenté de défendre l’idée d’une refondation tout en cherchant visiblement à obtenir l’unanimité des acteurs sur la future loi d’orientation.

Souci bienveillant et surtout bien compréhensif pour un politique en période trouble.

Cette prudence verbale a permis à certains de pouvoir affirmer que le ministre reculait sur bon nombre de propositions courageuses du rapport. Bel exercice de méthode Coué sans doute.

Mais les propos tenus le leur permettaient.

Un exemple sur la bivalence : « Je ne retiens pas l’idée de la bivalence (…) Je ne veux pas blesser les identités disciplinaires qui méritent le respect ». Ma foi, j’ai connu en tant qu’élève et comme prof, des PEGC qui avaient une très forte identité professionnelle que j’ai toujours respectée, voire admirée. D’ailleurs à bien y réfléchir, moi, je suis déjà tri voire quadrivalent …

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Si on se contente d’un « socle commun de propositions » pour refonder, le résultat risque de ne pas être à la hauteur des enjeux. Comment espérer concilier des acteurs qui ne  mettent pas en avant les mêmes finalités ni les mêmes valeurs ?

Si l’on veut vraiment refonder, il faudra avoir le courage de ne pas satisfaire toutes les revendications.

Sans être architecte, je ne vois pas comment on peut changer les fondations d’une grande maison sans toucher aux murs, voire sans en abattre quelques-uns…

Un article dans l’Humanité du jour regrette, à propos des reculades vis à vis des entrepreneurs,  que le gouvernement écoute davantage ceux qui le combattent plutôt que ceux qui soutiennent ses orientations. J’aimerais ne pas penser la même chose à propos de l’éducation dans quelques jours.

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Bilan de l’évaluation « par compétences » dans mon collège pour 2011-2012

In Salle des profs on 8 octobre 2012 at 17 h 19 min

En juin dernier, l’équipe engagée dans cette démarche a fait le point.

25 professeurs ont utilisé SACoche comme outil de suivi des acquis des élèves en 2011-2012 et ont évalué (tout ou partie) par capacités.

Aspects positifs observés :

– Plus facile de « raccrocher » les élèves après un échec

– des retours positifs après les réévaluations

– En français, pratique pour les outils de langue

– il y a moins de hiérarchie dans la classe

– Validation des compétences du socle commun plus aisée en fin d’année car s’appuyant sur nos outils de suivi

Evolution des pratiques des enseignants :

– Les modes d’évaluation ont évolué : ne pas tout évaluer au cours d’un contrôle, ne pas évaluer tous les élèves sur les mêmes capacités, ne pas évaluer tous les élèves en même temps …

– Permettre les réévaluations. Les élèves ont été nombreux à faire des demandes de réévaluations sur SACoche ou directement auprès des professeurs. Elles ont pris plusieurs formes :

. réévaluation en fin de trimestre à partir des demandes des élèves

. réévaluation après remédiation d’un même item dans le contrôle suivant (question supplémentaire ou évaluation de cet item pour certains élèves seulement à partir d’une tâche commune)

. évaluation à l’oral

. réévaluation à partir des activités de classe

Aspects négatifs observés / difficultés rencontrées

1) pour la démarche

– Pas toujours faciles pour les enseignants de se passer du « classement » (fut-il officieux) et de la hiérarchie apparente dans la classe entre les élèves (notamment en EPS) quand on l’a toujours connu en tant que professeur et comme élève !

– attention au « trop d’items » dans nos grilles

– en français, démarche difficile pour l’expression écrite

– Difficultés d’évaluer par compétences lors des travaux de groupe

– interrogation sur la note fournie pour le contrôle continu au DNB. celle-ci étant la moyenne des trois notes bilan fournies dans l’année e correspond pas à notre démarche : seule la dernière note devrait être prise en compte. Inadéquation avec Sconet Note ?

2) pour la remédiation / les réévaluations

– Les demandes spontanées de réévaluation sont difficiles à gérer quand elles sont trop nombreuses

– réévaluation difficiles à l’oral

Perspectives pour 2012 / 2013

1) Communications aux familles

Améliorer la communication des résultats aux familles :

. création d’un dossier qui regroupera toutes les grilles disciplinaires et transdisciplinaires à faire signer au moment des relevés de notes

. interrogation sur l’utilisation des relevés fournis par SACoche : lesquels sont les plus pertinents et accessibles aux familles (le nouveau relevé « bulletin » ? ne pas multiplier les photocopies …

. Fournir un mode d’emploi du site aux parents

2) Approches par compétences

Continuer la réflexion engagée sur nos pratiques pour passer d’une pédagogie par objectifs à une véritable approches par compétences.

Faire travailler les élèves sur des tâches complexes, notamment pluridisciplinaires

Mutualisation des pratiques de travail en groupe

Utilisation des nouvelles fonctionnalités proposées par SACoche notamment l’autoévaluation

3) Remédiation

Continuer la réflexion engagée sur les pratiques de remédiation : mutualisation de ces pratiques

Dans la perspective de la maîtrise du socle par tous les élèves, s’appuyer sur nos outils de suivi pour remédier le plus tôt possible aux manques de certains élèves