Spéciale dédicace à tous ceux qui, hier, sur les médias, nous ont répété que « c’était mieux avant« , quand tout le monde maîtrisait l’orthographe, quand tous les élèves savaient lire et écrire correctement.
La lettre d’un soldat en 1915 …
Le 6 octobre 1915Je vai vou doné un peu de mais nouvél que je meporte toujou trèbien pour le moman je vou di quejais resu votre letre a vec un manda de 10 fran etpui je vou di que vou a vé mal qompri maletre qarje ne sui pa blésé les autre on eu du mal mais moijais pas eu du mal cher feme je vais vou dire quemon camarade Bilien Sébastien ai more il ai tué parun cou de canon il ai tisi toupré de moi a 4 metrevous pou vé dir a sais paran sai trite sais son tourau joudui et a d’autre demin nous some tou les jourau feu de pui 10 jour san dormire je vou di au sique le Pape Frasiboi porte bien toujour doné nouvéla sa feme au cher feme la gaire est trite jai fini anvou an brasan de loin a vec mais deupeti anfan nevou faitpa tro de bil a vec moi toujour plin deCourage
Jacque
Jean-Pierre Guéno, Yves Laplume, Paroles de Poilus, Lettres et carnets du front, 1914-1918,coédition radio-France Librio, (1998)
Notons que ces lettres de poilus ont parfois été utilisées pour tenter de montrer que c’était mieux avant, en mettant en avant la qualité de ces écrits … en oubliant juste de rappeler qu’elles étaient souvent dictées et écrites par les camarades de tranchée instituteurs ou petits fonctionnaires.
Inutile de préciser que je me suis relu plusieurs fois avant de poster l’article.