Pendant l’année 2010-2011, avec plusieurs collègues, nous avons évalué nos élèves par compétences.
Dans deux classes (6e Espagne et 4e Lettonie), la grande majorité des enseignants de la classe ont fait ce choix.
Dans d’autres classes (6e Malte,6e Hongrie entre autres), les élèves ont été évalués de cette manière dans quelques disciplines, parfois avec le double système (note+compétences).
Pour l’évaluation par compétences, la web-application Sacoche, présentée sur eduscol, a été utilisée.
Les bilans et synthèses ont été distribués à chaque fin de période. Sur le bulletin figurait une note bilan (fournie par sacoche) qui correspondait à l’état d’acquisition des capacités évaluées à ce moment de l’année.
Les objectifs poursuivis étaient multiples :
– éviter la démotivation que peut entraîner la notation chez certains élèves
– davantage prendre en compte les rythmes d’acquisition des apprentissages, différents d’un élève à l’autre
– modifier le rapport à l’erreur, utiliser efficacement le droit à l’erreur
– tenir compte des progrès des élèves dans les restitutions
– modifier nos pratiques, mettre en place dans les classes une véritable approche par compétences
– améliorer les temps de remédiation, engager des remédiations individualisées
– davantage prendre en compte les progrès réalisés par les élèves au fur et à mesure des évaluations.
Un questionnaire a été distribué en fin d’année aux élèves de 4 classes concernées.
Une large préférence pour l’évaluation par compétences
Sur les 80 élèves interrogés, 41 disent leur préférence pour les compétences, Notons qu’il n’y a pas de différences d’appréciations entre les élèves de 6e et ceux de 4e. Par contre, plus les élèves ont été évalués par compétences, plus ils en sont satisfaits.
Parmi les arguments avancés pour cette préférence :
« Je préfère l’évaluation par compétences car cela me permet de voir mes points forts et mes points faibles: je vois ce dont je suis capable et ce que je dois plus travailler pour l’éval prochaine » (4e)
» Je suis moins choqué par les compétences que par les notes » (4e)
« Je préfère l’évaluation par compétences pour voir ce que je sais faire et pas faire » (6e)
« Je préfère l’évaluation par compétences parce qu’on voit mieux nos progrès » (6e)
mais aussi :
« Je préfère l’évaluation par compétences car comme ça les parents ne se fâchent pas car ils ne savent pas si c’est bien ou pas » (6e)
27 n’ont pas de préférence.
« Des évaluations restent des évaluations » (4e)
« L’évaluation par compétences ou les notes, ça m’est égal, du moment que j’ai des notes » (6e) !!??
Seuls 12 élèves préfèrent les notes,
Ils l’expliquent uniquement par le souhait de pouvoir se situer par rapport aux autres (et non par rapport aux apprentissages attendus) :
« Je préfère les notes car avec les compétences je ne peux pas me situer dans la classe » (6e)
Des élèves lucides sur les possibilités que leur offre ce système d’évaluation.
Ce qui aurait pu constituer une crainte ne s’est pas révélée puisque seuls 6% des élèves interrogés pensent avoir moins travaillé sans les notes. Au contraire 37% d’entre eux sont persuadés avoir travaillé plus mais aussi différemment.
« J’ai plus travaillé car j’ai révisé les compétences ratées » / « la possibilité d’être réévalué, c’est très utile »(4e)
« Avec l’évaluation par compétences, j’ai plus travaillé car ça donne du courage » (6e)
« Avec l’évaluation par compétences, j’ai moins appris par coeur, j’ai essayer de comprendre » (4e)
« Avec l’évaluation par compétences, j’ai pu voir mes difficultés et changer ma façon de travailler (P. 4e) »
« Je préfère l’évaluation par compétences car on peut être réévalué quand on n’a pas réussi » (6e)
Ils sont nombreux à associer (à juste titre) l’évaluation par compétences et l’explicitation de nos objectifs. Dans le questionnaire, ils sont ainsi plusieurs à évoquer les fiches d’objectifs (équivalent aux contrats de confiance d’A. Antibi).
Les élèves sont bien entendu en grande majorité réceptifs à la possibilité d’être réévalué en cas d’échec et par le fait qu’il soit tenu compte des progrès enregistrés (bien plus qu’avec une moyenne classique)
Ils sont nombreux à penser que ce système leur a permis de progresser.
« ça m’a aidé à progresser car je sais mieux où je dois plus travailler » (6e)
ou leur aurait permis
« Je n’en ai pas assez profité » (4e)
Notons enfin que s’ils trouvent les bilans et synthèses utiles et faciles à lire (plus que leurs parents), ils tiennent tout de même à la note de fin de trimestre.
Résultats de l’enquête menée auprès des élèves :