Réflexions personnelles sur notre système éducatif et son actualité

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Futur antérieur pour l’entrée en 6ème ?

In Au piquet on 25 octobre 2010 at 12 h 17 min

Jean-François Copé est revenu hier dans la presse sur une idée qui lui est chère : ré-instaurer un examen d’entrée en Sixième.

C’est le même qui, à propos de la réforme des retraites ne cesse de rappeler qu’il faut évoluer avec le temps. Il nous propose pourtant ici un retour de cinquante ans en arrière.

C’est le même qui, à propos de la réforme des retraites ne cesse de rappeler qu’il faut faire comme nos voisins européens. Pourtant, force est de constater que le doublement n’existe pas chez la très grande majorité d’entre eux. De plus, ceux d’entre eux qui, comme nos voisins  d’outre-manche, avaient un système très sélectif, tendent à s’en écarter.

 

Plutôt que de vouloir barrer l’accès au collège aux élèves qui peuvent présenter des difficultés, j’aurais préféré entendre des propositions pour améliorer leur accueil et la prise en charge en sixième. D’autant plus que certains élèves ne sont en difficulté qu’une fois entrés au collège par qu’ils n’arrivent pas à s’y adapter.

Cela demande plus de réflexion.

 

Illustration : couverture d’une brochure de l’ONISEP

 

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Il faut faire preuve de pédagogie.

In Salle des profs on 25 octobre 2010 at 11 h 58 min

« Il faut faire preuve de pédagogie ». Cette phrase nous l’entendons souvent dans la bouche des politiques. L’opinion publique semble hostile à un projet de « réforme », le ministre ou le parlementaire chargé de la question assure que c’est parce qu’il a été mal compris et qu’on fera donc preuve de « pédagogie » pour modifier la dite opinion.

Cette démarche démontre une vision bien réductrice de la pédagogie, résumée à la répétition (les mauvais esprits diraient bourrage de crâne). Vous n’avez pas compris la réforme des retraites ? On vous ré-explique! C’est finalement la stratégie du doublement!

Malgré cette vision biaisée de la pédagogie, le mot est tout de même employé. On aimerait qu’il en soit autant pour les premiers concernés : les professionnels de l’éducation. Or, depuis quelques année, paradoxalement, à l’Education Nationale, ce mot est banni des discours des responsables comme des préoccupations d’une part non négligeables de ses acteurs. On a même entendu certains ministres jeter la responsabilité des maux de notre école sur la pédagogie!

Ainsi donc la pédagogie serait utile partout sauf à l’école ! C’est ce que peut nous laisser supposer les moyens retirés aux mouvements de réflexion, de recherche et de diffusion pédagogique comme l’Icem , le Crap, le Gfen…  le nouveau dispositif de (non?) formation  initiale proposé aux jeunes enseignants dans lequel les apports pédagogiques sont totalement absents ? Moins grave, mais tout aussi préoccupant, comment comprendre que les réformes et autres  innovations mises en avant par le ministère ou les observateurs de notre système éducatif soient davantage accès sur les dispositifs que sur les contenus pédagogiques ? On réfléchit sur les rythmes scolaires beaucoup moins sur les tâches à faire réaliser aux élèves en classe pour un apprentissage efficace /On s’intéresse plus aux exemples d’alignements des emplois du temps pour mettre en oeuvre l’aide personnalisée que sur ce qu’on fait pendant ces heures / On cherche à trouver la meilleure façon d’évaluer les compétences du socle commun plutôt que de chercher les démarches qui permettent de les faire acquérir à tous …

Il faut bien reconnaître que le monde enseignant a beaucoup contribué à rendre frileux nos dirigeants et responsables sur ces thématiques. Essayer de parler pédagogie en salle des profs (voire en conseil pédagogique!) n’est pas chose aisée. On se heurte automatiquement aux sourires et sarcasmes, aux résistances, aux obstructions d’une minorité (dans le meilleur des cas) de collègues. Collègues qui n’ont jamais lu un livre de pédagogie, qui pensent et affirment que Meirieu est le créateur de la méthode globale, que Freinet est le fondateur des « libres enfants », qui ignorent tout de Piaget … mais qui dès le mot « pédagogie » prononcé vous sortiront, derrière un moue dubitative, une phrase contenant l’expression « référentiel bondissant » (légende à laquelle ont fini par croire ses propres créateurs!). Certes, c’est facile d’être abusé par les pamphlets et articles de presse auxquels on a droit à chaque rentrée scolaire. Mais l’esprit critique ne doit pas seulement être un objectif d’enseignement pour nos élèves, cela doit être aussi une qualité mise en oeuvre quotidiennement quand on est prof.

La pédagogie doit redevenir la préoccupation essentielle du monde de l’éducation.

OUI, « il faut faire preuve de pédagogie » mais d’abord là où elle est indispensable : dans nos salles de classe.

Et pour cela, il faut donner les moyens aux méthodes pédagogiques de progresser et de se faire connaître.

Il faut aussi être enfin au clair sur le contenu de ce mot.

 

Puisqu’il s’agit ici du premier billet de ce blog, que sa conclusion en devienne sa ligne directrice.


Illustration : caricature de Plantu tirée de http://tecfa.unige.ch